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ain-est athlétisme

Je me permets de répondre après avoir lu les différents échanges du forum sur ce sujet et votre réponse au mail de Jean Gilbert que celui-ci m’a fait passer…

Ce sujet m’intéresse à plusieurs titres, j’ai été moi-même athlète (un temps entraînée par la fameuse Carmen Hodos)et je suis actuellement directrice de la communication de la FFA (et donc en prise directe avec l’image de l’athlétisme et les conséquences possibles positives ou négative des affaires de dopage) et également compagne de Stéphane Diagana.

 

-« s’il existe aujourd’hui des gens assez naïfs pour penser qu’il est possible de gagner des médailles sans se doper… » C’est en étant influencée par ce genre de propos que j’ai failli, à un moment de ma carrière, « plonger » dans l’engrenage infernal. Si vous faites croire aux jeunes que tous les athlètes se dopent et qu’on ne peut réussir sans faire « comme » les autres, il leur sera  plus facile de succomber à la tentation, car ils se sentiront  déculpabilisés ;  et si leur entourage en plus les rassure sur le fait que ce n’est pas dangereux pour la santé et que « cela » n'est pas détecté au contrôle anti-dopage, vous imaginez !

Et pourtant, j’ai renoncé à cet engrenage, en renonçant à l’époque, dans ma tête, à atteindre le haut niveau, car en prenant cette décision, j’étais malgré tout persuadée que je n’y parviendrais pas sans… et j’ai donc continué l’athlé et la compet à l’eau claire, sans hautes ambitions internationales, que je considéraient comme  « démesurées » sans dopage. Pourtant, je pense maintenant que je me suis bridée psychologiquement, que j’aurais pu atteindre mieux qu’une demi finale olympique si j’avais cru en mon talent, sans me préoccuper des autres et sans croire qu’à l’eau claire mon potentiel ne dépasserait pas ce niveau…

Car il a fallu que j’attende de vivre avec un Stéphane, de manger, dormir (et oui !..) avec lui et bien « vérifier » qu’il ne se dopait pas, puis qu’il devienne champion du Monde  (Car je suis comme Saint Thomas je ne crois que ce que je vois) pour réaliser et croire qu’il est possible de gagner une médaille internationale sans se doper. Et sans doute, j’en suis maintenant persuadée, même s’il a réussit grâce à des qualités mentales exceptionnelles,  qu’il n’est pas le seul. Jean Galfione, avec qui je me suis entraînée depuis poussine, et de qui j’ai douté comme de tous les autres à une époque, et bien je suis actuellement convaincue qu’il est devenu champion olympique sans artifices….alors non je ne suis pas naïve, je sais qu’il y en a encore beaucoup trop qui se dopent ou une ont conduite dopante, mais je crois qu’on minimise aussi le nombre de ceux qui réussissent sainement….

-          « les athlètes peuvent bien fonder un label sans dopage » : Ce que vous proposez, Stéphane en a parlé il y a quelques années dans un article que je retrouverai dans l’Equipe. C’est effectivement un projet qui pourrait répondre à la problématique de l’intérieur. Le problème, et je ne l’ai pas constaté que dans ce domaine (on a créé le GAF, Groupement des Athlètes Français, il y a quelques années et on a eu bien du mal à le faire vivre avec des athlètes en activité…), c’est que les athlètes qui sont encore en activité n’ont pas le temps matériel et la disponibilité d’esprit  nécessaires pour mettre en application une telle idée. Il faudrait faire du lobbying auprès de tous les athlètes, prendre contact avec des labos, ou des partenaires prêts à jouer le jeu car cela coûte très cher, mettre en place une communication adéquate…. Stéphane avait commencé à écrire un projet concret et puis…il est parti en stage, sa saison a commencé etc….il faudrait que ce projet soit repris par des dirigeants qui aient le temps,  la motivation et les moyens de le concrétiser. Mais je crois qu’effectivement cela permettrait de faire avancer les choses, de faire faire machine arrière aux athlètes qui se dopent, motivés par l’argent, et qui ne trouveraient plus de sponsors s’il n’adhéraient pas au label, à ceux qui recherchent la reconnaissance, car ils inspireraient le doute. Mais bon peut-être est-on un peu naïfs de croire qu’un tel projet pourrait être largement suivi…mais encore une fois qui n’essaie rien n’a rien….

Voila en quelques mots, vécu de l’intérieur, ce que je souhaitais apporter à votre débat, très intéressant d’ailleurs. Je ne suis pas naïve, mais j’ai de l’espoir car je sais qu’on peut encore gagner sans tricher, à force de talent, de travail et de mental. La route est plus longue mais la récompense n’en est que plus belle et beaucoup d’athlètes ont choisit cette voie. A nous d’en convaincre le plus grand nombre…

Cordialement

Odile Lesage